Voyage au bout de la nuit (texte intégral)

CELINE Louis-Ferdinand, TARDI Jacques (illustrations)
Voyage au bout de la nuit (texte intégral)
Hardcover, relié, 4to, 380 pp., illustrations de Tardi.

Voyage au bout de la nuit est un récit à la première personne dans lequel le personnage principal raconte son expérience de la Première Guerre mondiale, du colonialisme en Afrique, des États-Unis de l'entre-deux guerres et de la condition sociale en général.

Ferdinand Bardamu a vécu la Grande Guerre et vu de près l'ineptie meurtrière de ses supérieurs dans les tranchées. C'est la fin de son innocence. C'est aussi le point de départ de sa descente aux enfers sans retour. Ce long récit est d'abord une dénonciation des horreurs de la guerre, dont le pessimisme imprègne toute l'œuvre. Il part ensuite pour l'Afrique, où le colonialisme est le purgatoire des Européens sans destinée. Pour lui c'est même l'Enfer, et il s'enfuit vers l'Amérique de Nord, du dieu Dollar et des bordels. Bardamu n'aime pas les États-Unis, mais c'est peut-être le seul lieu où il ait pu rencontrer un être (Molly) qu'il aima (et qui l'aima) jusqu'au bout de son voyage sans fond.

Mais la vocation de Bardamu n'est pas de travailler sur les machines des usines de Détroit; c'est de côtoyer la misère humaine, quotidienne et éternelle. Il retourne donc en France pour terminer ses études de médecine et devenir médecin des pauvres. Il exerce alors dans la banlieue parisienne, où il rencontre la même détresse qu'en Afrique ou dans les tranchées de la Première Guerre mondiale.

Quelques adjectifs peuvent qualifier le roman :

antinationaliste/antipatriotique: le patriotisme (ou le nationalisme) est, selon Céline, l'une des nombreuses fausses valeurs dans lesquelles l'homme s'égare. Cette notion est visible notamment dans la partie consacrée à la Première Guerre mondiale, au front, puis à l'arrière, où Céline s'est fait hospitaliser;
anticolonialiste: clairement visible lors du voyage de Bardamu en Afrique, c'est le deuxième aspect idéologique important de l'œuvre. Il qualifie ainsi le colonialisme de « mal de la même sorte que la Guerre » et en condamne le principe et l'exploitation des colons occidentaux, dont il brosse un portrait très peu flatteur et caricatural ;
anticapitaliste: sa critique du capitalisme transparaît nettement dans la partie consacrée aux États-Unis, lors du voyage à New York, puis à Détroit, principalement au siège des usines automobiles Ford. Il condamne le taylorisme, système qui « broie les individus, les réduit à la misère, et nie même leur humanité », en reprenant sur ce point quelques éléments de Scènes de la vie future (1930) de George Duhamel, qu'il a lu au moment de l'écriture du Voyage. Le regard qu'il porte sur le capitalisme est étroitement lié à celui qu'il accorde au colonialisme ;
anarchiste: à plusieurs reprises, l'absurdité d'un système hiérarchique est mise en évidence. Sur le front durant la guerre, aux colonies, à l'asile psychiatrique... l'obéissance est décrite comme une forme de refus de vivre, d'assumer les risques de la vie. Lorsque Céline défend son envie de déserter face à l'humanité entière, résolument décidée à approuver la boucherie collective, il affirme la primauté de son choix et de sa lâcheté assumée devant toute autorité, même morale. Cette vision teintée de désespérance se rapproche de la pensée nihiliste.
src: wiki
CELINE Louis-Ferdinand, TARDI Jacques (illustrations)@ wikipedia
€ 35.0