Géopolitique du sens

LAÏDI Zaki (direction)
Géopolitique du sens
Broché, in-8, 375 pp., notes bibliographiques, bibliographie.
Cet ouvrage pose deux questions majeures : quelles sont les valeurs et les identités auxquelles se réfèrent actuellement les habitants de la planète ? Et peut-on y voir des formes politiques susceptibles de transcender l'Etat-nation et de stabiliser un ordre mondial devenu incertain ? Dans son introduction, Zaki Laïdi soumet l'émergence de nouveaux « espace de sens » dépassant les Etats-nations à trois conditions : la formation d'institutions de délibération supra-étatiques ou transnationales (institutions européennes par exemple) ; la production par ces ensembles délibératifs d'une identité, d'un « nous » opposable au reste du monde (« nous les Asiatiques » ou « nous les Musulmans ») ; enfin, la capacité à convertir ces préférences identitaires en « performances politiques ». Pour discuter ces hypothèses, tous les espaces mondiaux sont examinés tour à tour avec plus ou moins d'insistance. L'Europe fait l'objet de longues interrogations : constitue-t-elle un espace de sens possible ? Ses valeurs (libéralisme et démocratie) sont-elles universelles ? Là où Chantal Delsol persiste à chercher l'universel dans la quête des valeurs et du « bien », Guy Hermet épingle les limites du modèle social démocrate européen. Il invite les Européens à promouvoir une démocratie véritable en mettant en place des institutions où le citoyen, et non plus seulement les élites professionnelles et politiques, puissent agir.

Gilles Kepel examine l'hypothèse de la création d'un « espace de sens » musulman allant des Philippines à l'Europe occidentale. Il montre que si des facteurs réels de réactivation de l'identité islamique ont pu se cristalliser dans les trente dernières années, ils ne produisent pas d'institutions politiques : les mouvements islamistes radicaux s'opposent aux Etats, eux-mêmes en compétition pour le leadership islamique. La question du gouvernement mondial fait aussi problème. Pierre de Senarclens montre qu'on assiste essentiellement au repli de la régulation onusienne dans laquelle les grandes puissances, et particulièrement les Etats-Unis, ne souhaitent plus s'engager. Les possibilités d'une gouvernance mondiale ne sont donc pas très claires, même si de nombreuses institutions, alliances et accords existent au plan géopolitique et économique.
LAÏDI Zaki (direction)@ wikipedia
€ 15.0