proces Kravchenko tegen tijdschrift

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Victor Andreïevitch Kravchenko > Le procès Kravchenko

Le 24 janvier 1949, s'ouvrait à Paris un des plus retentissants procès de l'après-guerre, intenté par Victor Andreïevitch Kravchenko, un ancien haut-fonctionnaire soviétique réfugié aux Etats-Unis, contre l'hebdomadaire communiste "Les Lettres françaises". L'affaire a pour origine un article publié par l'hebdomadaire, le 13 novembre 1947, intitulé Comment fut fabriqué Kravchenko, qui présentait le transfuge comme un petit fonctionnaire, recruté par les services secrets américains, et incapable d'avoir écrit son livre J'ai choisi la liberté. Deux autres articles, tout aussi insultants, conduisent Kravchenko à engager un procès en diffamation contre la revue. Réquisitoire implacable contre le régime stalinien, J'ai choisi la liberté, l'ouvrage de l'ex-apparatchik dénonçait la misère généralisée et l'existence de camps de concentration en URSS, 25 ans avant l'Archipel du Goulag d'Alexandre Soljenitsyne. Paru en traduction française en 1947, son succès est foudroyant: 503.000 exemplaires sont vendus en France! Kravchenko gagne son procès mais l'affaire, au delà de la vérité juridique, devient, en présence de 400 journalistes, le théâtre d'un affrontement politique dominé, sur fond de guerre froide, par le parti communiste et les intellectuels de gauche. Totalement solidaires de Moscou, ces derniers, de Roger Garaudy à Vercors en passant par Pierre Cot et Frédéric Joliot-Curie, témoignent en faveur de l'hebdomadaire. Tous évoquent leur propre expérience de la "patrie du socialisme" et condamnent unanimement l'ouvrage de Kravchenko. On fait même venir l'ex-épouse du plaignant, Zinada Gorlova, qui le traite de "menteur" et "d'hypocrite". Kravchenko appelle à la barre des anciens déportés, dont Margaret Buber-Neumann, épouse du dirigeant communiste allemand Heinz Neumann, incarcérée par Staline dans un camp au Kazakhstan, avant d'être livrée aux SS en 1940, puis envoyée à Ravensbruck. Elle a passé trois ans dans un camp soviétique: "pas de muraille, on vit dans la steppe. L'évasion est impossible. Les troupes montées du NKVD (ex-KGB) la parcourent", explique-t-elle. Réponse de Maître Blumel, seul avocat non communiste à défendre Les Lettres françaises: "Ce n'est pas un camp. Cela s'appellerait en France une résidence forcée". Le 4 avril 1949, Les Lettres françaises, n'ayant pu prouver que Kravchenko n'était pas l'auteur de son livre, sont condamnées à trois fois 50.000 francs de l'époque, de dommages et intérêts, réduits au franc symbolique en appel. Dans ses attendus, le président Durkheim n'hésite pas à rappeler que les condamnés étaient des "résistants et des patriotes", et que le requérant, lui, "a cru devoir abandonner son pays en pleine guerre". Le 25 février 1966, un dénommé Peter Martin, qui affirmait être menacé de mort par des agents soviétiques, se suicide aux Etats-Unis. C'était Kravchenko. (1999)

http://www.republique-des-lettres.com/k1/kravchenko.php (20031002)
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