kanalenbouw moet vlugger, schrijft Napoleon

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kanalenbouw moet vlugger, schrijft Napoleon
Fontainebleau, 14 novembre 1807



A M. Cretet, ministre de l'intérieur



Monsieur Cretet, vous aurez reçu le décret par lequel j'ai autorisé la caisse d'amortissement à prêter huit millions à la ville de Paris. Je suppose que vous vous occupez de prendre des mesures pour que les travaux soient rapidement terminés et augmentent les revenus de la ville. Dans ces travaux, il y en a qui ne rendront pas grand'chose, et qui ne sont que d'embellissement; mais il y en a d'autres, tels que les galeries à établir sur les marchés, les tueries, etc., qui seront d'un grand produit; mais pour cela il faut agir. Les magasins pour lesquels je vous avais accordé des fonds ne sont pas encore commencés.



Je suppose que vous avez retrouvé les fonds qui étaient destinés pour des fontaines, et que vous les avez employés provisoirement pour la machine de Marly. Poussez tout cela vivement. Ce système d'avancer de l'argent à la ville de Paris pour augmenter ses branches de revenus a aussi le but de concourir à son embellissement; mon intention est de l'étendre à d'autres départements.



J'ai beaucoup de canaux à faire : celui de Dijon à Paris, celui du Rhin à la Saône, et celui du Rhin à l'Escaut. Ces trois canaux peuvent être poussés aussi vivement que l'on voudra. Mon intention est, indépendamment des fonds qui sont accordés sur les revenus de l'État, de chercher des fonds extraordinaires pour ces trois canaux. Pour cela, je voudrais vendre le canal de Saint-Quentin, dont le produit serait versé pour accélérer les travaux du canal de l'Escaut; je voudrais vendre le canal d'Orléans, dont le produit servirait à accélérer les travaux du canal de Bourgogne; enfin je vendrais même le canal du Languedoc, pour le produit en être affecté à la construction du canal du Rhin à la Saône. Je suppose que le canal de Saint-Quentin pourrait être vendu huit millions, celui de Loing autant, et celui du Languedoc autant et plus. Ce serait donc une trentaine de millions que je me procurerais sur-le-champ, et que j'emploierais à accélérer les trois grands canaux avec toute la rapidité possible. L'argent, je l'ai. L'État n'y perdra rien ; il y gagnera au contraire immensément, puisque, s'il perd ses revenus des canaux de Loing, de Saint-Quentin et du Midi , il gagnera les produits des canaux de l'Escaut, de Napoléon et de Bourgogne. Et, quand ces travaux seront finis, si les circonstances le permettent, je les vendrai encore pour en faire d'autres.



Ainsi, mon but est de faire les choses en sens inverse de l'Angleterre, ou de ce que l'on propose de faire. En Angleterre on aurait accordé un octroi pour le canal de Saint-Quentin, et le Gouvernement l'aurait alloué à des capitalistes. J'ai, au contraire, commencé par construire le canal de Saint-Quentin. Il m'a coûté, je crois, huit millions; il me rendra 500,000 francs; je ne perdrai donc rien en le vendant à une compagnie ce qu'il m'a coûté; et puis, avec cet argent, je ferai d'autres canaux. Faites-moi , je vous prie, un rapport là-dessus ; car, sans cela, nous mourrons sans avoir vu naviguer ces trois grands canaux. En effet, voilà six ans que le canal de Saint-Quentin est commencé, et il n'est pas encore fini. Or ces canaux sont d'une bien autre importance. On évalue la dépense de celui de Bourgogne à trente millions. Certainement, ce qu'on peut dépenser par an, sur les fonds généraux de l'État, ne va pas à plus d'un million; les départements ne rendent pas plus de 500,000 francs : il faudra donc vingt ans pour finir le canal. Que ne se passera-t-il pas pendant ce temps ? Des guerres et des hommes ineptes arriveront, les canaux resteront sans être achevés. Le canal du Rhin à l'Escaut est aussi d'une grande dépense. Les fonds généraux de l'État ne suffisent pas pour le conduire aussi vite que l'on voudrait, le canal Napoléon est dans le même cas.



Faites-moi connaître combien il serait possible de dépenser par an à chacun de ces canaux. Je suppose que, sans nuire aux autres travaux, n pourrait dépenser à chacun trois on quatre millions par an et qu'ainsi, dans cinq ou six ans, nous pourrions les voir naviguer tous les trois. Vous me ferez connaître combien les impôts établis fournissent de ressources pour ces trois canaux, combien j'ai accordé pour 1808 et les fonds supplémentaires que j'ai accordés en 1806 pour pousser les travaux avec la plus grande activité. Vous me proposerez de vendre les trois canaux déjà faits, et à quel prix il faudra les vendre; je me charge de trouver des acquéreurs. Alors l'argent sera en abondance.



Il faut me dire dans votre rapport combien sont évalués les trois canaux que je veux promptement achever, et comparer cela avec les sommes qu'ont coûté les trois anciens canaux que je veux vendre Vous comprenez ce que je veux dire. Sur votre rapport, mon intention est de passer outre.



Peut-être cela conduira-t-il à ouvrir une caisse de travaux publics où les fonds spéciaux des routes, de la navigation , etc., seraient versés directement. On pourrait aussi accorder à cette administration les fonds provenant de la vente des trois anciens canaux, et d'autres encore, s'il en existe qu'on puisse vendre. Les fonds en seraient versés, selon les conditions de la vente, dans la caisse des travaux publics , et, avec cette institution , nous changerions la face du territoire.



Pour des affaires de cette nature, aucune circonstance n'est plus favorable que celle-ci. Puisque j'ai des fonds destinés à récompenser les généraux et les officiers de la Grande Armée, ces fonds peuvent tout aussi bien leur être donnés en actions sur ces canaux qu'en rentes sur l'État ou en argent. Je serais obligé de leur donner de l'argent, si quelque chose comme cela n'était pas promptement établi, Mais il faudrait que la chose fût tellement bonne que des particuliers- s'y associassent, et que la caisse d'amortissement put prendre ces actions au pair, s'il y en avait plus que je n'en veux donner aux officiers. J'attends votre rapport avec intérêt.



Je suis fâché que le canal de Charlemont ne soit pas déjà fait. Si vous établissez la compagnie, je vous ferai prendre autant d'actions que vous voudrez. Tout est possible en France, dans ce moment, où l'on a plutôt besoin de chercher des placements d'argent que de l'argent.



J'ai fait consister la gloire de mon règne à changer la face du territoire de mon empire. L'exécution de ces grands travaux est aussi nécessaire à l'intérêt de mes peuples qu'à ma propre satisfaction.



J'attache également une grande importance et une grande idée de gloire à détruire la mendicité. Les fonds ne manquent pas; mais il me semble que tout cela marche lentement, et cependant les années se passent. Il ne faut point passer sur cette terre sans y laisser des traces, qui recommandent notre mémoire à la postérité. Je vais faire une absence d'un mois ; faites en sorte qu'au 15 décembre vous soyez prêt sur toutes les questions, que vous les ayez examinées en détail, afin que je puisse, par un décret général, porter le dernier coup à la mendicité. Il faut qu'avant le 15 décembre vous ayez trouvé, sur le quart de réserve et sur les fonds des communes, les fonds nécessaires à l'entretien de soixante ou cent maisons pour l'extirpation de la mendicité. Que les lieux où elles seront placées soient désignés, et le règlement mûri. N'allez pas me demander encore des trois ou quatre mois pour obtenir des renseignements. Vous avez de jeunes auditeurs, des préfets intelligents, des ingénieurs des ponts et chaussées instruits; faites courir tout cela, et ne vous endormez pas dans le travail ordinaire des bureaux.



Il faut également qu'à la même époque tout ce qui est relatif à l'administration des travaux publics soit mûri et prévu, afin que l'on puisse préparer tout, de manière qu'au commencement de la belle saison la France présente le spectacle d'un pays sans mendiants, et où toute la population est en mouvement pour embellir et rendre productif notre immense territoire.



Il faut aussi que vous me prépariez tout ce qui est nécessaire sur les mesures à prendre pour tirer du desséchement des marais du Cotentin et de Rochefort des sommes pour alimenter la caisse des travaux publics, et pour achever les dessèchements ou en opérer d'autres. Les soirées d'hiver sont longues ; remplissez vos portefeuilles, afin que nous puissions , dans les soirées de ces trois mois, discuter les moyens d'arriver à de grands résultats.

http://www.histoire-empire.org/correspondance_de_napoleon/1807/novembre_01.htm (20050921)
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