Experta Luxembourg: Giuliano Bidoli: « Les clients recherchent des structures qui leur permettent d’avoir l’efficience fiscale.»

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Experta Luxembourg: Giuliano Bidoli: « Les clients recherchent des structures qui leur permettent d’avoir l’efficience fiscale.»
Si 2013 s’inscrit encore à l’encre noire, les perspectives pour 2014 semblent plus positives. Giuliano Bidoli, head of tax au sein d’Experta, voit matière à relancer la machine, avec plus que jamais l’excellence en point de mire.

Monsieur Bidoli, la crise a, dit-on, modifié les demandes des clients. Comment percevez-vous la situation ?

« Oui, la crise a rendu la clientèle plus exigeante. Ses demandes sont plus spécifiques, elle sait ce qu’elle veut et prend son temps afin de comparer, notamment, la qualité des services des différents prestataires. Les clients sont également bien plus regardants sur les prix : lorsqu’ils paient, ils veulent pouvoir contrôler l’avancement et la qualité des services. Aujourd’hui, les fiduciaires du Luxembourg pâtissent encore trop d’une mauvaise réputation née du travail douteux de quelques petits acteurs du marché. L’amalgame, facile entre Chypre et le Grand-Duché, fait par certains, prouve que cette réputation est encore vivace. Pourtant, une majorité d’acteurs travaillent en toute transparence, respectant les principes fiscaux et les normes législatives. De toute manière, les clients recherchent des structures qui permettent d’avoir l’efficience fiscale et de dormir sur leurs deux oreilles. Enfin, on constate une concentration des prestataires sur le marché : regrouper toutes les compétences nécessaires sous un même toit permet de mieux répondre aux exigences des clients.

Comment voyez-vous l’évolution à court et moyen termes ?

« 2013 sera encore une année difficile. J’utiliserais le terme de turnaround pour la définir. Je pense que, pour passer ce cap, il faut changer les mentalités quant à la façon de travailler, il faut se remettre en question, ne plus se reposer sur ses acquis. Certains domaines connaîtront un exercice plus difficile que d’autres. Dans le private equity par exemple, les entreprises réfléchissent à deux fois avant de faire des investis­sements. Notre secteur devrait, pour quelques mois encore, avancer dans le brouillard. Mais j’espère que l’activité connaîtra un nouvel élan en 2014. Les soubresauts sont là. Par exemple, le Luxembourg a d’ores et déjà mis en place de nouvelles réglementations concernant le family office. L’AIFMD a été transposée au Luxembourg bien avant les autres pays et pourrait à terme attirer des fonds qui, pour le moment, sont essentiellement basés à Jersey et Guernesey.

Recherchez-vous actuellement des profils particuliers ?

« Nous avons besoin de bons comptables, de juristes et de fiscalistes. De plus, comme nous nous dirigeons de plus en plus vers des véhicules régulés, nous cherchons également des comptables de fonds. Dans tous les cas, pour nous, il est important que des spécialistes soient opérationnels dès le deuxième jour. De tels professionnels sont, avouons-le, peu évidents à trouver. Ce n’est donc pas un hasard si les délais de recrutement augmentent et que nous multiplions les entretiens et les tests divers. Parfois en vain. Nous ne trouvons pas de comptable sachant parler l’allemand, par exemple.

Que modifier ici pour que l’économie reprenne sa marche en avant ?

« Même si je peux comprendre le gouvernement luxembourgeois, je pense que l’augmentation de l’impôt minimum n’est pas une bonne chose, car cette disposition réduit fortement la volonté d’implantation d’une certaine catégorie de clients, PME et TPE essentiellement. Il aurait peut-être été plus judicieux de pousser sur la substance exigée lors­que l’on crée une société, pour permettre aux sociétés de s’implanter effectivement. Je pense que l’État doit passer par cette étape, peut-être pas facile à mettre en place. Mais il faut insuffler un changement qui aura des répercussions positives sur le marché.  »
paperjam@ wikipedia