alliantie FRA - RUS, de zgn. Tweebond

LT
alliantie FRA - RUS, de zgn. Tweebond
19890117: 284

Le 4 janvier 1894 débute l'alliance franco-russe.

Une convention militaire secrète est signée entre le gouvernement républicain de la France et le gouvernement autocratique du tsar Alexandre III, qui a pris le contrepied de la politique libérale et réformatrice de son prédécesseur, Alexandre II.

C'est le mariage de la carpe et du lapin. Pourtant, l'alliance franco-russe a les faveurs de l'opinion publique qui cultive avec passion sa haine de l'Allemagne ainsi que de l'Angleterre.

La convention resserre le bloc austro-allemand (la Diplice) et éloigne un peu plus l'Angleterre de la France. Elle concourt au processus fatal qui mène à la Grande Guerre.

Les petits épargnants souscrivent avec autant de confiance aux emprunts russes qu'ils manifestent de méfiance pour l'industrie de leur propre pays. Il est vrai que le tsar ne ménage pas les subsides à la presse française pour mieux la convaincre des mérites de ces emprunts...

Les Parisiens font un accueil enthousiaste au tsar Alexandre III et lui dédient le plus superbe pont de la capitale : ce monument de pierre et de bronze, aux armes de Paris et Saint-Pétersbourg, relie l'esplanade des Invalides au rond-point des Champs-Élysées. C'est le seul aspect positif de cette alliance de tous les dangers.

Joseph Savès

http://www.herodote.net/18940104.htm (20070306)

TEXTES sur les rapports franco-russe (fin XIXe siècle)

Mots-clés. France. Russie. économie. nation. nationalisme. emprunt. russe. Triplice. XIX. XX.

Les emprunts russes en France

"M. Germain (1) a gardé de son entretien avec Poliakov (2) l'impression que tous les groupes financiers importants d'Europe font en ce moment d'actives démarches pour participer aux affaires que le retour de la paix et la liquidation des dépenses de la guerre (3) vont sans doute faire éclore en Russie. M. Germain est d'avis que nous devons nous mettre sur les rangs (...). Il faudrait offrir 100 millions, que fourniraient sans difficultés les établissements français (...). Dans toutes vos conversations avec les représentants du gouvernement russe, insistez sur les avantages que trouvera la Russie à élargir en France la clientèle de ses emprunts. Le marché anglais peut à tout instant lui être fermé par la politique, et la France lui offre une garantie contre cette éventualité. (...) M. Germain pense que c'est le moment d'agir très activement pour prendre pied en Russie et pour jouer le rôle qui nous convient dans les grandes opérations qui s'élaborent. Tâchez de trouver des appuis influents, c'est pour vous le point le plus important et le plus délicat."

Lettre de Mazerat, directeur parisien du Crédit lyonnais, adressée au directeur de l'agence du Crédit lyonnais à Saint-Pétersbourg, 18 mars 1878

(1) Maître du Crédit lyonnais

(2) Constructeur russe de chemins de fer, alors en voyage d'affaires à Paris

(3) Guerre russo-turque de 1877-1878









--------------------------------------------------------------------------------







Alliance franco-russe (1892)



Le succès des premiers emprunts, russes à Paris contribue au rapprochement du régime tsariste et de la république française contre la Triplice (Triple-Alliance, 1882).



"La France et la Russie étant animées d'un égal désir de conserver la paix, et n'ayant d'autre but que de parer aux nécessités d'une guerre défensive, provoquée par une attaque des forces de la Triple-Alliance contre l'une ou l'autre d'entre elles, sont convenues des dispositions suivantes :



1. Si la France est attaquée par l'Allemagne, ou par l'Italie soutenue par l'Allemagne, la Russie emploiera toutes ses forces disponibles pour attaquer l'Allemagne.



Si la Russie est attaquée par l'Allemagne, ou par l'Autriche soutenue par l'Allemagne, la France emploiera toutes ses forces disponibles pour combattre l'Allemagne.



2. Dans le cas où les forces de la Triple-Alliance, ou une des puissances qui en font partie, viendraient à se mobiliser, la France et la Russie, à la première annonce de l'événement et sans qu'il soit besoin d'un concert préalable, mobiliseront immédiatement et simultanément la totalité de leurs forces, et les porteront le plus près possible de leurs frontières.



3. Les forces disponibles qui doivent être employées contre l'Allemagne seront, du côté de la France de 1 300 000 hommes, du côté de la Russie de 700 000 à 800 000 hommes. Ces forces s'engageront à fond, en toute diligence, de manière que l'Allemagne ait à lutter, à la fois, à l'est et à l'ouest.



4. Les états-majors des armées des deux pays se concerteront en tout temps pour préparer et faciliter l'exécution des mesures prévues ci-dessus. Ils se communiqueront, dès le temps de paix, tous les renseignements relatifs aux armées de la Triple-Alliance qui sont ou parviendront à leur connaissance. Les voies et moyens de correspondre en temps de guerre seront étudiés et prévus d'avance. (...)



6. La présente convention aura la même durée que la Triple-Alliance.



7. Toutes les clauses énumérées ci-dessus seront tenues rigoureusement secrètes. "



Convention militaire de 1892, ratifiée en 1894.











--------------------------------------------------------------------------------







A propos de l'alliance franco-russe (1892)





Note : L'existence de l'alliance franco-russe est connue, mais le texte des accords reste secret.



"C'est l'alliance conclue en dehors des formules vieillies des protocoles, en dehors du mystère des chancelleries (...). C'est l'alliance entre deux grands peuples maîtres de leur destinée et qui n'ont rien à cacher. C'est la politique franche, loyale, à la lumière du grand jour; sans dissimulation et sans réticences (...). C'est la guerre rendue impossible. L'alliance franco-russe, c'est le triomphe des idées libérales dans toute l'Europe (...)."



Flourens, ancien ministre des Affaires étrangères, Le Journal, 30 octobre 1893







"Nous tenons le centre de l'Europe entre les deux mâchoires d'un étau. A la première insulte, nous serrerons la vis (...). Restons le fusil au bras, mais sans crainte d'en faire sonner la crosse à la frontière. Le jeune Empereur est-il secrètement tourmenté par le traditionnel idéal du monde slave ? Rêve-t-il de rejeter la barbarie turque au delà du Bosphore et de faire resplendir la croix grecque sur le dôme de Sainte-Sophie ? Pourquoi pas ? Mais le jour où les Cosaques pénétreront au galop dans les ruelles du vieux Stamboul, il est bien entendu qu'à Strasbourg, un bataillon français présentera les armes à la statue de Kléber [général français (1753-1800)] ."



F. Coppée, Hommage au tsar, 1896







"Le silence de nos gouvernants ne constituerait pas seulement une inconvenance intolérable à l'égard du Parlement, mais un véritable péril pour notre pays. Il s'agit de mettre en balance les bénéfices et les charges. Nous ne pouvons pas admettre que la France se trouve un beau matin obligée de tirer l'épée pour une querelle dans les Balkans sans avoir même été appelée à connaître l'engagement qui l'y contraint."



A. Millerand, article dans La Petite République , 14 octobre 1896









--------------------------------------------------------------------------------







Les inquiétudes françaises face à la faiblesse de l'armée russe





"Le plan de concentration russe en cas de guerre sur la frontière occidentale a subi en effet, comme il fallait s'y attendre, des modifications très sensibles. Non seulement il est absolument défensif, mais ce n'est pour ainsi dire qu'un fantôme de plan de concentration.



Le nouvel armement de l'artillerie est loin d'être au complet, les approvisionnements de munitions ne sont pas à la hauteur des nouvelles exigences; il manque une quantité de matériel de train, de matériel d'intendance, de matériel sanitaire, de matériel roulant sur les chemins de fer.



D'autre part, les troupes sont dans un état très médiocre sous le rapport des cadres, de l'instruction et de l'esprit.



Il faudrait être aveugle pour ne pas voir... que " la Russie sera pour un certain temps une alliée militaire presque sans valeur contre l'Allemagne "."



Note secrète de l'attaché militaire français en Russie au ministre de la Guerre (25 nov. 1906).

http://hypo.ge-dip.etat-ge.ch/www/cliotexte/html/alliance.france.russie.html (20070306)
LT@ wikipedia